Entre-deux Guerres


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Quand elle rentre d'Argentine (les registres de population de St Gilles disent que le 25 avril 1925 elle transféra son domicile vers le 118 de l'avenue Reine Marie Henriette à Forest) où elle dit avoir été gouvernante pour subvenir à ses besoins , Marie-Louise reprend ses études de dentiste à l'ULB. En avril 1929, Marie-Louise demande à récupérer sa nationalité de Belge par un acte passé devant l'Officier de l'état-civil d'Ixelles, dans l'agglomération bruxelloise. Là, elle se déclare traductrice. Des recherches entreprises à l'Université Via Monte de Buenos Ayres par le Professeur DEGRAEVE (Waarschoot) n'ont trouvé aucune trace d'un passage éventuel de Marie-Louise à l'Université; de toutes façons, les cours de dentistes n'étaient pas dispensés en Argentine à cette époque

Elle fait d'abord reconnaître (à l'Ordre des Dentistes) sa capacité à exercer la profession en 1924, puis après passage en Argentine et examen devant le Jury Central, elle est reconnue Patricienne Dentiste en 1929 et est inscrite en tant que telle au tableau de l'Ordre. Sur les fiches de cet ordre (UDS), elle est notée "Catégorie IV".

Entre temps, son père, gravement malade et toujours domicilié à Dunkerque, vient se faire soigner et se reposer en Belgique; à cette occasion, Lambert HENIN, son frère cadet , tente plusieurs séances de réconciliation à Marloie entre les deux époux séparés: en vain! Louis ne pardonnera jamais leur "virage allemand", ni à son épouse, ni à ses filles (on cite son expression "femmes de boches"). Il leur reprochera surtout la vie scandaleuse qu'elles ont menée durant l'occupation. Il décédera à Marloie le 23 mars 1931 et sera inhumé à Marche, dans le caveau Renson-Poncelet.

Comme entre temps, l'Europe avait reçu la Grande Crise de plein fouet, la clôture de la succession ouverte par son décès ne fut pas une mince affaire; Marie-Thérèse, en temps qu'aînée, revint d'Allemagne pour se rendre à Dunkerque puis à Paris, et, aidée par son oncle Emile, un autre frère HENIN installé en France, parvint à faire rapatrier les sommes réalisées lors de la vente des avoirs de son père. Cela venait à point, car Marie-Louise s'installait un cabinet de dentiste "définitif" à Bruxelles, au 58 de la rue des Ailes à Schaerbeek. Elle en installa un autre à Marche, au Rempart des Jésuites; (il est à noter que cette adresse n'est pas reprise sur les cartes de l'UDS...) ce local était entretenu par sa mère, qui elle, résidait rue du Viaduc (actuelle "Impasse de la Butte"), dans le cul-de-sac qui fait face au "pensionnat des soeurs". Marie Adèle décéda à Marche le 4 janvier 1936. Elle rejoignit alors son mari dans le caveau Renson-Poncelet...

Leur premier fils, Paul, né en 1896 et aide-monteur de profession, épousera une Jeanne De Middelaer originaire de Sint Niklaas en 1924 et aura une vie très calme; le couple n'aura pas d'enfants. Paul décédera en 1961, et sera inhumé au cimetière d'Ixelles.

Quant au cadet de la famille, Jean Charles, né en 1902, il devança l'appel et s'engagea à l'Armée Belge; il fut "Volontaire 1922" au 3e Rgt de Carabiniers à Etterbeek. Après avoir été nommé Caporal, il "trébuche" et passe en Conseil de Guerre pour vol, faux, usage de faux, port illégal d'uniforme, etc. Dégradé, il est de nouveau condamné. Pour finir, à l'occasion d'un congé de convalescence, il déserte en 1923, s'engage à la Légion Etrangère et part pour le dépôt de la Légion à Sidi Bel Abbès, en Algérie, mais y arrive malade. Il décèdera le 7 août 1923 de dysenterie chronique sur l'Oued Kerkerra, à l'Hôpital Militaire de la Légion. Son corps, rapatrié par l'Armée Française (on était en pleine lune de miel après la Victoire de 1918 et l'occupation conjointe de la Ruhr en 1921), a été inhumé dans le caveau Renson-Poncelet de l'ancien cimetière de Marche, en présence de l'Attaché Militaire en grand uniforme (pour l'Armée Belge, Charles était toujours déserteur...)

Au cimetière de Marche, au moment de la transformation du Quartier (vers 1985), le tournant du carrefour Chaussée de l'Ourthe-Rue St Roch a été "arrondi", et plusieurs caveaux on été condamnés et les contenus exhumés. Anecdote encore: le fossoyeur Dereppe, (décédé vers 1998) qui était chargé de l'exhumation des restes, a fait la remarque que ce caveau était vide, sans aucuns restes... Pourtant, le transfert du corps de l'Afrique du Nord vers la Belgique avait été fait dans un cerceuil de zinc plombé...

Donc, en 1929, Marie Louise obtint son diplöme de "Chirurgien-Dentiste". Elle s'installe d'abord un cabinet à Ixelles, déménage en 1931 à Schaerbeek, et après le décès de son père, en ouvrira un autre à Marche, sa ville natale. Là, dit Mme Lielens, elle se consacra surtout à soigner les nécessiteux.

Louis, le père, est tombé gravement malade. Il revient se reposer chez Lambert, son frère cadet, à la Rue de la Fontaine à Marloie. Plusieurs fois, Lambert essaie de faire renouer les liens entre les époux séparés; mais invariablement, Louis gardera le dos tourné à son épouse et à ses filles, ces "femmes-de-boches"...

A son décès, survenu en 1931, le règlement de la succession, comme dit plus haut, fut loin d'être simple! Aidée par leur oncle Emile (qui lui aussi aura un destin tragique lors de l'exode), Marie-Thérèse, en temps qu'aînée des enfants, ira jusque Dunkerque et Paris pour pouvoir faire transférer les sommes obtenues par la réalisation des avoirs de son père en France.

Une des rares photos connues de Marie-Louise HENIN.
Comme le dos de cette photo porte le nom d'un photographe allemand, on a longtemps cru que le cliché avait été pris au Mecklembourg, chez sa soeur à Mameröw bei Lalendorf, (Kreis Güstrow).
En fait, en étudiant minutieusement l'arrière-plan, les marchois reconnaîtront le haut du pensionnat Notre-Dame, vu de la Rue du Viaduc!
En effet, après avoir quitté son dernier domicile bruxellois, Adèle RENSON, veuve de Louis HENIN et mère de Marie-Louise, était venue résider chez sa soeur, dans une maison de l'actuelle "impasse de la Butte"
Marie-Louise lui rendait donc visite lors de ses consultations à son cabinet de Marche. Elle se tient ici debout sur le remblais bordant la rue du viaduc, le dos au Pensionnat. Cette photo a donc été prise entre 1933 et 1936, année du décès d'Adèle.

La vie continuant, Marie-Louise ne revient pas dans la région uniquement pour s'occuper de son cabinet marchois. Ma mère se souvient aussi d'un de ses retours pour participer aux chasses Bernier de Heure. A cette occasion, malgré l'interdiction faite par leur père, elle et ses soeurs étaient allées l'attendre à la gare de Marloie d'où une voiture devait l'emmener à Heure. Là, elles la virent accompagnée d'un Américain . Malgré un clin d'oeil qu'elle leur fit, elle ne les laissa pas s'approcher d'elle. Leur père étant déjà malade, (il décédera en décembre 1938) on peut dater cette anecdote entre fin 1936 et la mi-1938. Mais pourquoi cet interdit?
On peut se douter que le patriotisme anti-germanique d’alors (exacerbé par les massacres allemands du début de la guerre) n’arrangeait rien, ajouté à la conduite Louviéroise des filles Henin et à la désertion du cadet! De plus, Marie-Louise n’était pas seule : elle voyageait avec un compagnon, un américain ! (ou anglais, nul ne le sait de manière sûre). Ajoutez à cela qu’elle fumait (à l’époque, pour une femme, ce n’était pas courant de fumer en rue!), et traînait derrière elle la malédiction d’un divorce… Elle ne faisait vraiment rien pour se faire aimer de la société bien-pensante de l’époque ! Ni de sa famille, d’ailleurs : malgré un clin d’œil discret à ses cousines, « elle se détourna et ne nous regarda plus » !
Ses capacités professionnelles lui donnant des revenus confortables, Marie-Louise voyage, voit du pays. En 1937, elle retourne même en Bavière : elle séjourne en effet à Munich pour étudier le régime National-socialiste à la Maison Brune! Lors de son arrestation, la police allemande trouvera un cahier annoté de sa main, où elle consignait ses observations et considérations. A Bruxelles, sa connaissance de la langue la fit adopter comme dentiste attitrée de la Colonie Allemande !

Il existe aussi d'autres indices d'une certaine discorde entre les deux familles: lorsque Lucienne Henin, la soeur de ma mère, entre au Carmel de Marche en 1937, si la photo de famille montre des cousins et cousines Henin et Maubeuge, par contre, on ne voit aucun des enfants du couple Louis Henin-Adèle Renson...

 

 

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Remarques: Webmaster
Rédigé le 2/9/13, dernière MàJ le 26/02/16

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